la loire en canoe

Lundi 4 Mai: étape du renard et de la maison qui veut aller à l'eau

Il a plu toute la nuit. Toutes nos affaires sont trempées, nous les avions lavées la veille, car la boue est tenace. On range le matériel, tranquillement. Le ciel s'éclaire. Départ à 11h 20. Nous passons le seuil de Diou, un peu plus tard, les doigts dans le nez.

De grandes lignes droites bordées de hautes berges, dont une plus haute (20 m) sur la quelle une ferme regarde dans le vide. Elle ne tardera pas à faire la glissade fatale et rejoindre le sable au fond de la Loire.

Beaucoup de vent de face, toujours avec des bourrasques violentes qui cassent les épaules.

Au détour d'une gravière, sur la gauche, je distingue une forme qui ne bouge pas, je ne vois pas très bien. Je crois que c'est un renard, je n'ose me prononcer. Quand nous arrivons à son niveau, je le distingue nettement et en fais part à JL Il nous toise, aussi surpris que nous de cette présence. A ce moment-là, surpris par ma voix, il détale en glapissant vers les fourrés proches.

Lors d'une halte, pipi et casse-croûte, nous observons des traces de castors et de chevreuils.

Deux cygnes nous font un brin de conduite, un grèbe nous amuse de ses pitreries. Cela distrait du vent. Décize tarde à se profiler. Fatigués, nous nous arrêtons pour un bivouac dans un méandre du fleuve, à droite ce soir.

Comme de bien entendu, le vent en fait de même.

La nuit dans la bauge...

Nous nous couchons de bonne heure, car fourbus de lutter contre ce vent. La lune éclaire le campement.

Nous entendons assez rapidement un grognement "grouiii". Nous le situons près de la tente.

  • eh! T'as-entendu? C'est quoi?

  • -Hum! Un sanglier?

  • Oui, moi aussi, je pense à la même chose.

    Juste après, un grognement sourd provient du même endroit, comme le son sourd qui sort de la gorge d'un cerf ou d'une bestiole de son acabit.

    Instants arrêtés! Recherche des fermetures de la tente. Il y en a 3. toutes fermées, bien sûr. Mais, où sont-elles? Dans quel sens doit-on les ouvrir? Fébrilité! J'arrive à m'extirper et munie de ma lampe frontale, je sors braver l'inconnu.

  • En fait, je reste au niveau de la sortie, et je braque la lampe. A droite coule la Loire, à gauche un petit bras d'eau et devant le pré. Rien de visible, plus de bruit. On referme la boutique. Je m'endors, en me disant, que les seuls ronflements de JL, suffiront à éloigner nos visiteurs nocturnes.

    Au matin, nous allons au fond du marigot rechercher les traces de ces indélicats venus troubler notre sommeil.

Il s'agit bien d'un sanglier qui a fouillé la terre, ainsi qu'un chevreuil venu se désaltérer au fond de ce trou d'eau. Nous retrouvons les traces d'un castor, large trace de la queue, bordée de pattes. Nous avons passé une très bonne nuit réparatrice et sommes prêts à partir de bon matin.

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Mardi 5 Mai: étape barrage et pont

Nous étions arrêtés à ¼ d'heure de Décize où nous faisons une halte à gauche à la boulangerie, puis bac à droite et petit tour en ville au Petit-Casino. Notre tenue ne laisse personne indifférent. Comme à Digoin, nous sommes reluqués.

Le pain à l'ancienne tiendra trois jours, se fera embarquer par le chien de Francis, passera trois barrages (même pas mouillé, moi, si) et dormira à mes côtés sous la tente. Je peux vous assurer qu'il est très bon. Je vous le conseille.

Barrage de Décize: Nous allons voir à droite si ça passe. JL descend, prend le chemin puis nous descendons au niveau du barrage; pas possible de passer.

Nous consultons le book de Tête de chien: passage à gauche. Allons à gauche, digue de béton de 2,50 m sur déversoir. Déchargement, transport du canoë par-dessus les blocs rocheux, poser le dit-canoë dans le marigot, transbordement de tout le saint-frusquin, que nous avons fait rouler pour accélérer la cadence. JL se mouille copieusement en rechargeant le canoë qui refuse de rester à sa place et c'est reparti pour un tour.

Angoissés par le passage du seuil d'Imphy, nous tendons l'oreille depuis un bout de temps, quand nous rencontrons deux pêcheurs. Nous leur posons la question fatidique - "A combien de kilomètres...? 10..."

Nous éclatons de rire, en les remerciant malgré tout. C'est la réponse systématique que nous avons reçue jusqu'à présent à cette question. Cette fois, cela est juste! Nous y voilà. Nous passons tout droit, les doigts dans le nez, deux seuils et quelques vagues. Maintenant, nous fonçons sur Nevers et son célèbre pont (le 16eme, depuis le départ). Nous nous portons sur la droite, le passage est impossible, on se croirait aux Roches du Diable, nous allons à gauche. Je sors au niveau du camping et demande par où se fait le passage . « Les autres sortent et portent leur matériel! »Nous avons la flemme de faire ce portage assez long. Nous décidons de passer en tenant le bateau après avoir prévenu Francis d'un certain retard et de nos préoccupations du moment. Nous nous mettons à l'eau (jusqu'à la taille) et faisons passer le seuil en gargouille à la corde. La moité est faite.

Nous sommes en train de cogiter la suite du passage, dans un boyau qui drosse sous les arbres, quand apparaît Francis. Il sera notre sauveur. Il tient la corde pour nous aider à nous placer dans le drossage et lâche le tout en voyant que nous nous en tirions bien. C'est fait. Merci, Francis, à tout à l'heure. Le Bec d' Allier nous attend, 40 mn plus tard, nous y sommes. Francis est là et aide au débarquement sur des berges très glissantes (bain de siège et de boue assurés) pas grave; la machine à laver nous attend.

Soirée au chaud, lit confortable, accueil chaleureux, que du bonheur. Au matin, un peu déconnectés par tout ce confort, nous visitons Nevers et son centre. Nous déjeunons en compagnie de nos deux amis et des quatre chiens.